Chronique culinaire

 

Le "tuyau" comptait déjà des collaborateurs distingués, chroniqueurs à la plume alerte et à l'imagination savoureuse humoristes dont la verve saine et franche n'avait rien d'apprêté ni de grimaçant stratèges toujours infaillibles, agronomes émérites financiers avertis en un mot, toutes les compétences, toutes les capacités. Il nous manquait un Vatel. C'était là pour un journal bien fait une lacune fâcheuse, qui l'est devenue plus encore, le jour où a été ménagé au séchoir de chaque compagnie un fourneau en briques qui nous permet de faire de petits plats et de corser ainsi ces menus de l'ordinaire.

Aussi l'administration du Tuyau résolus telle de trouver coûte que coûte et de s'adjoindre à tout prix un cuisinier. Croyez bien que ce n'était pas là une entreprise facile. Il ne faut pas moins de talent, disons mieux de génie, pour manier la cuiller à pot que le ciseau du sculpteur et l'archet du violoniste pour chatouiller savamment les papilles de la langue que pour charmer la vue par l'harmonie des formes ou l'oreille par la magie des sons. Un cuisinier est un artiste et les artistes ne courent pas les rues aussi ne savions nous à qui nous adresser. Il y avait bien Liénard qui en d'autres temps nous avait promis son concours. Mais ce gros garçon réjoui se déroba à nos avances. Etait-ce modestie, était-ce fainéantise? Je ne saurais le dire… Enfin nous avons trouvé! Et je suis heureux de vous présenter ici, ô gastronomes l'homme à qui vous devez les seules jouissances de votre captivité. Mr Leroy de la 6è Cie (ancienne 7e ) était au moment de la mobilisation en Roumanie et il propageait dans ce pays latin les saines traditions de le cuisine française. Après une traversée émouvante au cours de laquelle il lui fut donné de rencontrer dans les Dardanelles le "Goeber" de célèbre mémoire il arriva vers la fin du mois d'Août à Marseille, rejoignit le 36è et fut fait prisonnier dans cette malheureuse échauffourée de Brimont qui amena à Quedlinburg bon nombre de nos camarades. Depuis il remplit à la satisfaction générale les fonctions de bibliothécaire de sa Cie. Mr Leroy que j'ai eu le plaisir d'interviewer à très bien saisi ce que nous attendions de lui. Avec une abnégation méritoire et trop rare, il renoncera à faire parade d'une science culinaires qui sait être exquise et il bornera son ambition à vous être utile. N'attendez donc pas de lui des recettes prétentieuses et compliquées. Il ne vous apprendra pas à préparer la bisque d'écrevisses, ni le homard à l'américaine dont vous n'avez cure. Mais vous saurez de lui comment avec les conserves que vous recevez de France et les légumes que vous achetez à la cantine on fait à peu de prix une cuisine saine agréable et nourrissante. Et maintenant que j'ai présenté notre nouveau collaborateur, laissez moi m'effacer devant lui. Mr Leroy va vous donner aujourd'hui 4 recettes dont vous me direz des nouvelles.

 

I Macaroni à l'Italienne

Faites bouillir de l'eau dans laquelle vous jetterez les macaronis pendant 10m. Ensuite égouttez les, mettez y quelques cuillerées de sauce tomate, du sel du poivre du beurre ou da la graisse. Réchauffez le tout 5 minutes.

 

II Morilles au gratin

Même procédé de cuisson avec sel poivre beurre jus de viande gruyère rapé. Rapez de la croûte de pain grillé et saupoudrez les morilles. Maintenez les au chaud jusqu'au moment de servir.

 

III Pommes purée

Eplucher les pommes de terre, couper en tranches, cuire à l'eau pendant 20m. Egouttez l'eau. Ecrasez les pommes aussi fin que possible. Ajoutez y 1 cuillère de lait condensé par personne, sel poivre et beurre, bien délayer sur feu doux.

 

IV Epinards au jambon

Prendre une boite d'épinards à la cantine mettre le contenu dans un récipient chauffer assez fortement, beurrer saler poivrer ajouter quelques tranches de jambon et servir

 

 

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