dans la deuxième semaine de Novembre, à quelques jours de distances Lord Kitchener et Denyo Cochin partaient pour Athènes.

Tous deux devaient demander au roi de s'expliquer nettement sur les intentions de son gouvernement, au cas où les alliés seraient refoulés en Grèce. La démarche n'avait rien de comminatoire, et c'est pour en bien souligner le caractère amical que l'on avait chosi comme négociateur Denyo-Cochin qui fut toujours à Athènes "persone gratissima". Mais comme il était à craindre que les victoires de Wackursen en Serbie n'eussent fait impression sur un prince aussi sensible que Constantin à l'influence germanique, et que, de très bonne foi, le roi pouvait redouter pour son peuple l'hostilité de l'Allemagne, les alliés étaient décidées à lui faire sentir que l'hostilité de la France et de l'Angleterre serait bien plus dangereuse encore pour la nation grecque, dont l'existence même était à la merci d'un blocus maritime. Et c'est pourquoi dans le même temps où s'entamaient à Athènes les premiers pourparlers diplomatiques on apprenait que les vaisseaux de blé à destination de la Grèce avaient été retenus dans différents ports anglais.

Est-ce à l'éloquence de cette démonstration, où à celle de Mr Denyo-Cochin, d'ailleurs chaleureusement accueilli à Athènes, qu'il faut attribuer le revirement qui s'est produit dans les cercles gouvernementaux grecs mais la plupart des dépêches qui nous sont parvenues depuis huit jours prouvent clairement que le roi Constantin et son ministère sont entrés avec l'Entente dans la voie des accommodements.

Déjà dans mon précédent article, je pouvais annoncer sur la foi du "(?)" que lord Kitchener avait eu un entretien avec le roi et (?), puisqu'il avait conversé longuement avec le chef f d'Etat-Major général grec Dumainis, qu'à la suite de cette conversation un conseil des ministres avait été tenu, qui avait duré 5 heures et que le roi comme le gouvernement avait assuré Kitchener que la Grèce, en aucun cas, n'attaquerait les troupes de l'Entente.

Le ministre de la Justice Khallis, qui semble d'ailleurs assez indisposé contre l'Angleterre, a donné depuis des assurances analogues à un collaborateur du "Daily Mail" "au cas, a-t-il dit, où les troupes serbo-Françaises ou anglaises se verraient contraintes à franchir la frontière grecque, on ne chercherait pas à les désarmer". Les puissances de la "Quadruple Entente" ne s'en sont pas tenues à ces déclarations. D'après une dépêche d'Athènes à l'agence Wolff (23 novbre) leurs ambassadeurs ont remis, le 23, au gouvernement grec une note collective concernant des troupes alliées en Macédoine. La Stompa veut savoir que les principales demandes formulées par la "Quadruple Entente" ont été les suivantes

1° Démobilisation de l'armée grecque

2° Eloignement des troupes grecques de la frontière

3° Liberté d'action complète pour l'armée de l'Entente

4° Promesse de ne pas désarmer les troupes serbes si elles étaient forcées de traverser quelques part la frontière

5° Promesse de ne jamais attaquer les troupes de l'Entente.

L'agence Reuter, par contre, dément à la date du 25 que les représentants de la "Quadruple Entente", à Athènes aient demandé la démobilisation des troupes grecques. Ils se sont bornés à demander que les grecs évacuent la zone dans laquelle les alliés opèrent. Quant à l'agence Havas, voici la dépêche qu'elle transmet le 27 à la presse:

"Athènes 24 novbre. La note collective de la Quadruple Entente à la Grèce a été remise hier à midi. Il en a été question, au cours d'un déjeuner que le roi a offert en l'honneur de Denyo Cochin. Le roi a laissé

 

 

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